TOUCH ME

TOUCH ME

« Ingénieur civil, mon père construisait des routes, des ponts et des tunnels. Pendant les huit ans de guerre qui opposèrent l’Iran à l’Irak dans les années 80, il était missionné par le gouvernement à reconstruire au front les voies quotidiennement détruite par les bombes ennemis.  Lui et ses hommes travaillaient à portée de tirs, frôlant la mort à chaque instant.  J’avais 4 ans, quand il a décidé de m’emmener passer quelques jours avec lui sur son chantier. C’était sa manière de me montrer le Monde. Touch me s’ouvre sur le récit de ce voyage. Puis, se ramifiant à partir de ce souvenir fondateur, le texte explore la complexité du lien filial. 

Aujourd’hui, mon père et moi vivons non seulement sur deux continents différents mais aussi dans deux réalités disjointes. La distance géographique, culturelle et idéologique qui nous sépare me semble parfois infranchissable. Mais il en existe une autre, plus intime et bien plus difficile à nommer : celle, physique, que mon père a toujours maintenue entre sa main et mon corps. Durant toute mon enfance, je n’ai reçu de lui ni coups, ni caresse. Dans l’espace vide qui sépare sa main de mon corps s’est cristallisée l’essence même de ce que je suis. C’est cette séparation qui constitue la colonne vertébrale de Touch me.

J’ai imaginé un dispositif participatif. A son arrivée, chaque spectateur se voit remettre un masque à l’effigie de mon père qu’il devra porter tout au long de la performance. Puis, il pénètre dans un espace vide où huit haut-parleurs diffusent une bande enregistrée où ma voix égraine des souvenirs liés à mon père. Cette parole fragmentaire est soutenue par la composition musicale de Lucien Gaudion. Au bout d’une vingtaine de minutes, la voix se tait et je me place au milieu du public masqué. Pour continuer d’entendre ma voix, les spectateurs devront établir un contact physique avec moi. Dès que le contact se rompt, la bande s’arrête. L’auditoire se relaye ainsi dans un ballet improvisé, une sorte de rituel païen, pour mener le récit à son dénouement. » G.S.


Texte, conception et interprétation : Gurshad Shaheman
Création sonore, enregistrement et mixage : Lucien Gaudion
Création lumières et régie générale : Aline Jobert
Conseil dramaturgique : Youness Anzane

Durée : 1h15

Production : Festival Les Rencontres à l’échelle — Les Bancs Publics (Marseille)
Une première maquette a été montrée au festival ZOA (Paris) sur l’invitation de Sabrina Weldman.

 

 

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Date

20 décembre 2021

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